L'homéopathie (du grec homeo, « similaire » et pathos, « souffrance » ou « maladie ») est une médecine non conventionnelle inventée par Samuel Hahnemann, un médecin allemand, en 1796. Hahnemann commença véritablement à pratiquer l'homéopathie en 1800. À partir de là, il consigna toutes ses observations dans ses livres de cas, les journaux de malades, et commença à prescrire des préparations très faiblement dosées, dans des quantités infinitésimales. Déçu de ne pas rencontrer le succès attendu, Hahnemann s'installe à Leipzig, où il décide de donner des cours, après avoir passé une thèse en 1811 pour devenir lecteur. Là, il forme ses premiers disciples (Stapf, Gross, Moritz et Wilhem Müller). En 1820, on le condamne pour exercice illégal de la pharmacie par la Cour de justice de Leipzig. Controversé et attaqué par ses confrères et par les pharmaciens, mis en danger commercial par la simplicité de ses remèdes. Il trouve alors refuge un an plus tard à Köthen (Anhalt), obtenant le titre de médecin privé de la cour Ducale, assorti du droit de fabriquer lui-même ses médicaments. La première école médicale américaine d'homéopathie, le Hahnemann Medical College and Hospital, fut fondée en 1835. En 1849, le choléra se déclare et se répand à Cincinnati. Les statistiques alors publiées par deux homéopathes mettent en évidence que seulement 3 % des 1 116 patients qui avaient traités par homéopathie étaient morts des conséquences de leur maladie. Chiffre stupéfiant ayant assis l'homéopathie, car normalement entre 30 % et 50 % des patients atteints de cette maladie périssaient des suites de la même maladie. De la fin du XIXe au début du XXe siècle, l'homéopathie se développe de façon importante tant en Europe qu'en Amérique du Nord. Mais les succès connus par les remèdes allopathiques et notamment les antibiotiques ne servent pas l'homéopathie. Celle-ci recule au profit des traitements dits classiques. C'est seulement à la fin du XXIème siècle que l'homéopathie connait un vrai regain d'intérêt et de crédibilité. Mais même à ce jour, l'homéopathie est toujours controversée. Si elle est répandue dans le monde entier, par des praticiens différents (médecins, naturopathes, dentistes, pédiatres…) elle est encore considérée comme inefficace par de nombreux médecins allopathes "classiques".
L'homéopathie est fondée sur le principe de dispenser des actifs traitants à doses infinitésimales. L'autre principe fondamental est que les actifs sont aptes à produire des symptômes identiques à ceux produits par la maladie. On parle d'abord de la loi de similitude. « Similia similibus curentur », "le semblable guérit le semblable". C'est la théorie déjà énoncée par Hippocrate (qui explique qu'une substance qui entraîne des symptômes chez un individu en bonne santé peut guérir un autre individu malade souffrant des mêmes symptômes). On parle ensuite du procédé des hautes dilutions. La théorie homéopathique énonce que la dilution d'un remède peut en potentialiser ses effets. En effet, les remèdes homéopathiques sont dilués plusieurs fois dans un liquide (eau ou eau et d'alcool). La dilution est telle que l'on finit par ne plus trouver aucune trace des molécules entrant dans la composition d'origine. Au principe de dilutions successives, on associe celui des secousses destinées à dynamiser le produit et lui conférer son efficacité. Le principe des dilutions est que plus le nombre de dilutions est grand, plus le remède est puissant. Et inversement.
Une fois l'extrait dilué, il est mis sous forme de sous forme de comprimés, de granules (formé à base de sucrose). On ne les croque pas mais on les laisse fondre sous la langue. Il existe aussi des formes liquides qui se consomment en quelques gouttes à la fois. Une autre forme, topique, concerne des lotions, crèmes ou baumes. Elles ont un caractère homéopathique car elles sont conçues sur le même principe de "similitude" (le semblable guérit le semblable). Mais le principe de dilution n'est pas forcément le même.
Concrètement, le principe de dilution fonctionne comme tel : une préparation homéopathique qui mentionne 6X signifie que le remède dans lequel l'extrait original a été dilué l'a été dans des proportions de 10 pour 1 X 6 reprises. Cela s'appelle aussi une dilution basse dilution ou décimale. À chaque étape (ici 6 étapes en tout), le mélange aura été "dynamisé" en ayant reçu 100 secousses. Il existe aussi des dilutions centésimales (et la la proportion est de 100 pour 1 à chaque dilution) qui sont désignées par la lettre C, mais aussi des dilutions « millisimales » représentés par la lettre M (1 000 pour 1). En l'occurrence, ces 2 dernières préparations sont en hautes dilutions. Et si la lettre H (pour Hahnemann) apparait souvent accolée aux symboles X, C ou M (comme 30CH), cela représente les dilutions hahnemanniennes réalisées. Il existe des dilutions préparées selon un autre procédé : c'est un autre homéopathe, le Dr Korsakov, qui les a mises au point. Ces dilutions dites korsakoviennes (identifiées par un K), sont jugées plus efficaces que les hahnemanniennes en basses dilutions. En revanche, en haute dilution, les spécialistes s'accordent à dire que les deux procédés auraient des résultats identiques.
La différence tient aussi aux souches utilisées pour la conception des médicaments homéopathiques (végétales, animales ou minérales). Le lien entre le produit et l'affection traitée est évident. Par exemple, Apis mellifica (dilution de venin d'abeilles) est utilisé dans le traitement des piqûres d'abeilles. Arnica Montana, recommandé pour les contusions, les hématomes ou encore les entorses, est préconisé pour les mêmes utilisations en traitement homéopathique. Il rive en revanche que le lien soit moins logique. Comme par exemple Arsenicum album (provenant d'un métal lourd et toxique, l'arsenic) est préconisé dans le traitement de maladies de peau ou de rhumes.
A ce jour, l'homéopathie n'est pas adoubée par l'ensemble de la communauté scientifique. La loi de similitude reste en opposition avec l'approche allopathique fondée sur le recours aux médicaments destinés à éliminer les symptômes ou leurs causes. En allopathie, on cherche à faire chuter la fièvre avec des antipyrétiques. On prescrit un antibiotique contre les bactéries, un antiviral contre les virus. En homéopathie, avec le principe des hautes dilutions, on est à l'inverse de la démarche allopathique. En effet, la pharmacologie actuelle se fonde sur l'activité et l'efficacité biologique de molécules choisies. Pour les formulateurs, les molécules ont des effets thérapeutiques bien identifiés. Dans l'homéopathie, ces molécules peuvent même ne plus être présentes du tout dans le médicament. Il n'empêche que le nombre d'adeptes de ces remèdes, lesquels se disent conquis par son efficacité, ne cesse d'augmenter. Face à ce nombre croissant de consommateurs, on trouve de nombreux scientifiques et médecins arguant que l'homéopathie est une pseudo-science en contradiction avec les principes édictés par la chimie et la biologie posés depuis plus de deux siècles.