Une pratique de vie : la CNV, ou Communication Non Violente

La Communication non violente (on parle couramment de CNV) est une pratique de communication verbale qui fait d'ailleurs l'objet d'un cours théorique à l'INH : son objectif est de créer entre les personnes des relations basées sur l’empathie, la compassion, la coopération et le respect. Il ne s’agit donc pas d’une thérapie, même si cette pratique peut  avoir des effets thérapeutiques.

Elle a été mise au point au milieu des années 1960 par Marshall B. Rosenberg, pour tenter de résoudre de nombreux conflits qu'ils soient raciaux et/ou socioéconomiques. Si cette méthode emprunte son nom à la non-violence de Gandhi, elle s’inspire surtout des travaux de Carl Rogers, l'un des maîtres de Rosenberg. Pour Rogers, créateur de l’approche centrée sur la personne (ACP), la relation entre le thérapeute et le patient doit avant tout être basée sur l’écoute empathique, l’authenticité et le non-jugement.
Rosenberg va de son côté chercher à appliquer cette bienveillance aux relations humaines. En 1984, il crée le Centre pour la communication Non violente à San Francisco où il anime encore aujourd’hui des séminaires. Ce n’est qu’en 1999 que son ouvrage le plus important, Nonviolent Communication : A language of compassion (Les mots sont des fenêtres (ou des murs)en français). La méthode connaît alors un véritable succès. Le livre de Thomas D’Asembourg, “Cessez d’être gentil, soyez vrai” paru en 2001 y contribuera également.

Les principes

La CNV est un outil simple d'usage dont l’objectif est de désamorcer les conflits dans nos échanges avec les autres. Pour y parvenir, l’accent est mis avant tout sur les paroles que l’on dit : elles doivent être bienveillantes, authentiques et respectueuses. Et pour cela, il est prioritaire de connaître reconnaître ses besoins fondamentaux. Les identifier, c’est aussi comprendre que l’autre partage les mêmes besoins : il devient alors plus facile de les accepter chez les autres, à partir du moment où on les a identifié chez soi. On peut alors passer du jugement à la compassion.

Pour mieux communiquer, que cela soit en écoutant l’autre ou en s’exprimant, la CNV se base sur quatre principes fondamentaux :

• Observons avec bienveillance et objectivité les autres, c’est à dire sans jugement ou préjugé :
• Apprenons à identifier notre ressenti par rapport à la situation (peur, colère, joie, doute …) ;
• Essayons de trouver le besoin masqué par ce ressenti (aspirations profondes, motivations) ;
• Exprimons enfin notre demande pour satisfaire ce besoin d’une manière concrète et positive.

Cette pratique permet un dialogue du cœur qui favorise la coopération entre les êtres. Même si la personne à qui l’on s’adresse ne connaît pas du tout cette méthode, la pratiquer d’une manière sincère l’amène également à être plus vrai, ce qui favorise d’autant la résolution du conflit. Cette méthode favorise par exemple la communication des personnes très émotives qui n’arrivent pas à prendre du recul quand elles sont contrariées. Pour elles, le conflit ne peut être qu’une agression et elles se laissent complètement submerger par leurs émotions. La CNV va leur permettre d’être davantage vigilantes au processus de communication, et donc moins victimes de leurs émotions, ce qui va apaiser leurs rapports à l’autre. Dans un monde où les relations sociales sont parfois crispées ou agressives, la CNV est un outil pratique d’aide à la médiation, en particulier pour toutes les personnes confrontées au public : Les policiers, assistantes sociales, soignants, enseignants peuvent trouver dans cette méthode une aide pour désamorcer les conflits.

Les parents tireront également bénéfice de cette méthode pour communiquer d’une manière authentique avec leurs enfants en leur apprenant l’empathie au quotidien. Utiliser la CNV dans la vie, c’est favoriser l’harmonie, ce qui est bien-sûr fondamental dans le couple. Les conflits ne sont plus considérés comme des murs mais de fenêtres qui nous apprennent beaucoup sur l’autre et sur nous. Ils peuvent permettre d’avancer vers une relation plus consciente, plus riche aussi.

Où apprendre la CNV ?

Il est possible de lire des ouvrages sur le sujet et choisir de s’initier par soi-même. Le principal ouvrage de Rosenberg, Les mots sont des fenêtres, explique clairement sa méthode et donne de nombreux dialogues en exemple. Mais si nous pouvons rapidement comprendre les concepts de base, il peut être plus difficile d’intégrer cette gymnastique de la compassion que propose Rosenberg. C’est pourquoi les stages en CNV peuvent être utiles pour s’exercer.

Un stage pour apprendre à communiquer

Au sein de groupes d’une quinzaine de personnes, chacun va commencer par se présenter. Puis les stagiaires travaillent dans un premier temps sur leurs émotions et sur l’identification de leurs besoins en s‘appuyant sur l’exemple d’un conflit déjà vécu. L’intervention du formateur est très utile car derrière un premier niveau assez facilement reconnaissable, se cache souvent un besoin plus profond. En prenant connaissance de certains de ses propres besoins, chacun apprend aussi à identifier ceux des autres et ainsi à entrer en empathie. Puis, en petit groupes de deux ou quatre, les stagiaires vont s’exercer à communiquer, négocier, résoudre les conflits.  Certains stages possèdent une optique plus professionnelle, d’autres plus familiales.