Oui, selon moi, l’homme appartient à terroir. Cela signifie qu’il vibrerait (plus ou moins) en harmonie avec les énergies d’un lieu, les arbres, les plantes, l’eau et les animaux, et même la terre de ce lieu. C’est pourquoi je me suis intéressée aux sorcières (de tradition européenne) en cherchant quelle tradition pouvait correspondre aux chamans d’Amérique du Sud que je fréquentais. C’est aussi pourquoi je m’interroge toujours de la juste place à accorder à ces médecines traditionnelles venues du bout du monde, d’Inde, du Tibet ou de Chine (ou d’ailleurs).
Je reconnais l’absolue complexité et puissance de ces pratiques, les bilans qu’ils proposent sont d’une finesse et intelligence remarquables. Pour autant, sont-elles faites pour nous, Occidentaux ? Je sais, comme je pratique la naturopathie, de tradition occidentale quant à elle, peut-être imaginez-vous que je souhaite me préserver de la concurrence de ces thérapies ! Je ne pense pas que ce soit le cas et nous invitons régulièrement nos apprenants à expérimenter ces autres médecines. Car je pense pertinent d’ouvrir autant que possible de notre regard sur ce qui existe ailleurs, et s’en enrichir dans tous les cas. Mais je m’interroge…
Un régime alimentaire fait pour un pays chaud et humide, est-il adapté aux habitants d’un pays tempéré ? La grande consommation de fruits que l’on peut trouver en Inde (et que l’on retrouve au petit-déjeuner dans les milieux yogiques, ce qui est pour moi un non-sens nutritionnel), convient-elle aux Européens que nous sommes qui surconsommons déjà des sucres et des céréales ? Je ne crois pas. Je m’interroge tout autant sur la grande consommation de riz blanc que l’on trouve dans ces deux traditions, ou celle de thé noir, pas forcément pertinente pour nous. Attention, je ne prétends pas résumer ces thérapies à ces points-là, alors même qu’il y a une grande personnalisation de la prescription. J’essaie juste de montrer à l’aide d’exemples simples, que ce qui convient à l’un ne convient pas nécessairement à l’autre car les contextes, les climats, les modes de vie sont très différents.
Au-delà des régimes alimentaires, je me questionne encore plus sur les plantes médicinales que proposent les thérapeutes dans ces domaines. Selon moi, c’est assez étrange de recommander des plantes qui font de milliers de kilomètres pour venir jusqu’à nous, alors que nous bénéficions d’un terroir d’une richesse incroyable dans ce domaine… Je pense la même chose des plantes (et des aliments) qui viennent d’Amérique du Sud. Vous ne me verrez quasiment jamais en recommander. De la même manière que je ne consomme pas de baies de Goji, de café, de banane, d’avocat, et que je cherche à me restreindre côté chocolat et noix de coco (chaque chose en son temps !). Pour des questions écologiques, c’est certain, mais aussi vibratoire.
Je n’ai jamais compris que l’on conseille de consommer des oranges à Noël, alors que même dans le Sud de la France, personne n’en a jamais vu à cette période ! Et comme par hasard, c’est aussi la période où on les assimile le moins bien, car notre corps a besoin de chaleur pour gérer les acides qu’elles génèrent.
On pourrait pousser la réflexion encore plus loin, c’est certain… S’interroger sur les conséquences des migrations, d’hier et d’aujourd’hui, sur nos modes de vie et nos ajustements chromosomiques et vibratoires. Il n’y a dans mes réflexions aucun désir protectionniste, ni de considération du fait que « c’est mieux à la maison »… Je suis pour une mondialisation des connaissances, des échanges, des rencontres, et de la joie. Le seul thérapeute que je consulte régulièrement pratique l’énergétique tibétaine.
Je suis donc aussi pour la mixité. En gardant son discernement. Car je m’interroge vraiment sur le côté un peu folklorique, correspondant à une sorte de « c’est mieux ailleurs ». Il existe probablement dans tout ceci un juste milieu que je recherche…
[1] L’Institut de Naturopathie Humaniste.
[2] Médecine Traditionnelle Chinoise.