Histoire et défis du développement personnel

Comment apprendre à se connaître, développer et chercher de nouveaux talents, améliorer sa qualité de vie et réaliser ses plus profonds désirs… Ainsi sont décrites les nombreuses aspirations du développement personnel : celui-ci cherche en effet à répondre aux questions du sens de la vie à l’aide de multiples outils aussi variés que originaux. Ce terme reste pour autant sujet à de nombreuses interprétations, avec des connotations et des controverses tout aussi importantes.

Précurseurs Notables au développement personnel

Historiquement, deux psychanalystes semblent avoir permis l’émergence de tels courants : Alfred Adler et Carl Gustav Jung. Le premier, Alfred Adler, considérait que la psychologie n’avait pas exclusivement un rôle thérapeutique et qu’elle pouvait aider l’être humain à construire sa vie, à le soutenir dans son besoin d’affirmation : selon lui, les aspirations humaines sont avant tout tournées vers le futur, le développement de sa créativité, sans être nécessairement liées à des expériences de la petite enfance ou des conflits inconscients. Adler a aussi définit le concept de « style de vie » qu’il présente comme une approche personnelle de la vie, au cour de laquelle chacun effectue son chemin et ainsi évolue. Chacun trouve également une manière unique de gérer les problématiques qui lui font face.

Le second, Carl Gustav Jung, a parmi ses nombreux apports, proposé le concept d’ « individuation », que l’on retrouve de manière sous-jacente dans de nombreuses théories du développement personnel aujourd’hui. Un tel processus de différenciation psychologique, a selon Jung clairement pour but le développement de la personnalité de l’individu ainsi que son évolution : les psychothérapies d’inspiration psychanalytique s’en sont d’abord inspirées, puis certaines théories managériales (en particulier le MBTI), et enfin certains concepts parmi les plus New Age du développement personnel.

Un autre précurseur de ses solutions pour mieux vivre est sans conteste Emile Coué, auteur en 1926 du livre Maîtrise de soi-même par l'autosuggestion consciente, plus connu sous le nom de Méthode Coué. Il y recommande de s'affirmer une vingtaine de fois à la suite et trois fois dans la journée la formule suivante : "Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux." Il inspirera de nombreuses techniques « clé en main » existantes dans le monde du développement personnel.

En 1943, Abraham Maslow, l’un des tenants de la psychologie humaniste, développe sa « Pyramide des besoins » qui deviendra tout aussi célèbre : elle est censée regrouper de manière hiérarchique tous les besoins d’un être humain : en bas de la pyramide, on trouve les besoins physiologiques, puis le besoin de sécurité. Au troisième niveau, le besoin d’appartenance et d’amour, puis au-dessus le besoin d’estime. Selon lui, le besoin le plus élevé que l’on trouve au sommet de la pyramide serait le désir d’accomplissement de soi. Dans le but de parvenir à être notre meilleur soi, il met l’accent sur le potentiel positif de l'être humain. Celui-ci est très souvent négligé par la psychologie classique qui est de manière générale davantage penchée sur la psychopathologie :"Ce qu'un homme peut être, il doit l'être. On peut appeler ce besoin auto-actualisation ».

Puis viennent la pensée positive (1952), l’Analyse transactionnelle (1960), le développement du coaching à partir des années 1970, sans oublier la PNL (1975) laquelle se revendique comme la technique de transformation personnelle vers l’excellence, ont fait nettement évoluer la psychologie tout en la rapprochant nettement du développement personnel : ces techniques vont en effet s’intéresser de plus en plus aux individus sains plutôt qu’aux personnes souffrant d’une pathologie.

Du monde de l’entreprise au développement individuel

Ses multiples évolutions ont notablement impacté le monde des organisations, par l’intermédiaire du management, le développement personnel des employés étant susceptibles de créer de la valeur à terme pour les entreprises. Les programmes de développement personnel peuvent souvent être distingués entre les deux catégories suivantes:

• les programmes ayant pour but de motiver les employés et de créer de bonnes conditions de travail (par la gestion du stress, du temps, de leur santé…),

• l’investissement stratégique de développement  personnel afin d’améliorer le capital humain et les qualités individuelles (gestion des talents, productivité, innovation) d’autre part.

Dans un second temps, de multiples techniques de développement personnel inspirées de l’Orient comme de l’Occident, traitant du corps comme de l’esprit – on parle alors de « New Age » - atteignent un public bien plus large. La publication en 1980 de La conspiration du Verseau de Marilyn Ferguson rencontre un écho considérable : À l'Institut Esalen en Californie, nombres d’entre elles sont expérimentées - rebirth, rolfing, Cri primal, Respiration holotropique… - avant de se propager dans le monde entier.

Plus ou moins bien intégrées selon les pays, ces techniques font l’objet d’une réelle suspicion en France, les pouvoirs publics les jugeant parfois dangereuses : ils estiment qu’elles sont susceptibles de masquer des risques de dérives sectaires et d’abus de confiance de personnes vulnérables. Ils jugent également difficiles d’évaluer leur réel impact en termes d’efficacité et de progrès psychologiques individuels. Pour autant, elles sont parfaitement acceptées sous d’autres cieux. Le plus important ici étant de savoir faire preuve de discernement entre de multiples techniques souvent difficiles à comparer que ce soit au niveau théorique comme pratique.